10 Secrets sur les Médecins de la Peste

La peste noire est l'épidémie de peste bubonique la plus dévastatrice et meurtrière de l'histoire de l'humanité : elle a fait entre 40 et 50 millions de morts. Elle a anéanti quelque 25 millions d'Européens en quelques années seulement, soit plus d'un tiers de la population…

Par désespoir, les villes ont embauché un nouveau type de médecins, appelés “médecins de la peste”, qui étaient soit des médecins de second ordre, soit de jeunes médecins avec une expérience limitée, ou qui n'avaient aucune formation médicale certifiée. Le principal travail du médecin de la peste était de s'aventurer dans les contrées touchées, pour comptabiliser le nombre de morts.

La peste bubonique a été découverte en 1320 dans le désert de Gobi. En 1331, la peste atteignit la Chine, en 1338 la Russie, en 1342 l'Inde, et finalement en 1346, l’Europe.

1. Pas de Masque de la Peste avant le XVIIème siècle

Bien que le masque soit devenu un symbole emblématique de la peste noire, rien ne prouve qu'il ait été porté pendant l'épidémie du 14e siècle. Les historiens de la médecine ont attribué l'invention du costume de "médecin bec" à un médecin français nommé Charles de Lorme en 1619. Il a conçu le masque d'oiseau pour qu'il soit porté avec un grand manteau de cire comme une forme de protection de la tête aux pieds, sur le modèle de l'armure d'un soldat.

2. Pourquoi un Masque en forme de Bec ?

Les médecins de la peste portaient un masque avec un bec semblable à celui d'un corbeau pour les protéger de l’infection, qu'ils croyaient transmise par l'air. En fait, ils pensaient que la maladie était propagée par des miasmes, une forme nocive de "mauvais air". L'air nauséabond était combattu avec des fleurs séchées, des herbes et des épices (menthe, camphre, clou de girofle, …) entassées dans le bec du masque. Ces herbes étaient légèrement enflammées avant d'être mises dans le masque, pour que la fumée puisse protéger davantage le médecin.

Des lentilles de verre recouvraient les yeux pour éloigner le regard du patient, au cas où la maladie se propagerait par contact visuel. 👀

3. Uniforme contre la Peste

Les médecins n'ont pas tout de suite compris comment la peste s'était propagée. Cependant, au XVIIe siècle, ils avaient souscrit à la théorie du miasme, qui était l'idée que la contagion se propageait par l'air nauséabond. Auparavant, les médecins de la peste portaient divers vêtements de protection, mais ce n'est qu'en 1619 qu'un "uniforme" fut inventé par Charles de l'Orme, le médecin en chef de Louis XIII.

De l'Orme a écrit du costume que : "Sous le manteau, on porte des bottes en cuir marocain (cuir de chèvre)...et une blouse à manches courtes en peau lisse...Le chapeau et les gants sont aussi faits de la même peau...avec des lunettes au-dessus des yeux..."

Parce qu'ils croyaient que les vapeurs nauséabondes pouvaient s'infiltrer dans les fibres de leurs vêtements et transmettre des maladies, de l'Orme a conçu un uniforme composé d'un manteau de cuir ciré, de gants, de jambières et de bottes, afin dévier les miasmes de la tête aux pieds. La combinaison a ensuite été enduite de graisse animale pour repousser les liquides corporels. Ils ont également revêtu un chapeau noir pour indiquer qu'ils étaient des médecins.

4. Un costume contre la peste, mais pas très efficace

Le costume était défectueux, car des trous d'aération étaient percés dans le bec. En conséquence, beaucoup de médecins ont contracté la peste et en sont morts. Bien que de l'Orme ait pu vivre jusqu'à 96 ans, la plupart des autres médecins avaient une espérance de vie très courte (même avec la combinaison). De plus, ceux qui n'étaient pas touchés vivaient souvent en quarantaine. C’était une existence solitaire et ingrate pour les médecins de la peste.

5. Médecin de la Peste : Le messager de la mort

Les médecins portaient également un long bâton de bois qu'ils utilisaient pour communiquer avec leurs patients, les examiner. En outre, de nombreux médecins de la peste ont utilisé leur bâton pour se défendre contre les citoyens infectés et désespérés qui s'approchaient d'eux et les suppliaient d'arrêter leur douleur atroce.

Selon d'autres récits, les malades croyaient que la peste était une punition envoyée par Dieu. Alors ils demandaient au médecin de les fouetter en se repentant. Dès l'apparition des “médecins bec” dans les rues de France, ils sont devenus synonymes de souffrance et de tragédie. Les gens ordinaires de l'époque les percevaient souvent comme les messagers de la mort et de la punition de Dieu.

Les ravages de la Peste Noire à travers l'Europe pendant plusieurs siècles ont laissé un héritage durable d'horreur et de misère.

6. Des médecins de la Peste ? Pas vraiment.

Les principales responsabilités d'un médecin de la peste, ou Medico della Peste, n'étaient pas de guérir ou de traiter les patients. Leurs tâches étaient plus administratives que médicinales, puisqu'ils s'occupaient du suivi des victimes, ou étaient témoins des testaments des mourants. Certains médecins ont profité de leur argent et se sont enfuis avec les testaments. Mais de manière générale, ils étaient quasiment vénérés.

7. Méthodes étranges pour “ralentir” la peste

Parce que les médecins de la peste n'étaient confrontés qu'aux symptômes horribles et non à une compréhension approfondie de la maladie, on leur permettait de procéder souvent à des autopsies (qui ne donnaient rien).

Les médecins de la peste ont donc eu recours à des traitements plus douteux et plus dangereux. Les traitements allaient de l'étrange à l'horrible.

Ils s'exerçaient à recouvrir les bubons (kystes sur le cou et les aisselles, remplis de pus de la taille d'un œuf) d'excréments humains.

La méthode la plus douloureuses étant sûrement le mercure versé sur la victime avant de la placer dans un four. 😱

Également, pour traiter les malades, les médecins faisaient des saignées (évacuation provoquée d’une grande quantité de sang). Pour cela, des sangsues et des crapauds étaient utilisés tous les jours.

Comme on pouvait s'y attendre, ces tentatives ont souvent accéléré la mort ☠ et la propagation de l'infection, en ouvrant les plaies qui s'infectaient.

Au Moyen-Age, les médecins essayaient d'expulser la peste de l'organisme en laissant couler le sang ou en provoquant des vomissements 🤮, ce qui affaiblissait encore les patients. De nombreuses personnes ont fui les régions ravagées par la peste, ce qui a accéléré la propagation de l'épidémie. Ce n'est qu'au milieu du XVe siècle, après que l'épidémie eut atteint son apogée, que les premiers systèmes de quarantaine furent établis sur l'île vénitienne Lazzaretto Nuovo. Les voyageurs y étaient placés en observation pendant 40 jours avant d'être autorisés à poursuivre leur voyage.

Le médecin de la peste le plus célèbre était Nostradamus, qui donnait des conseils comme enlever les cadavres infectés, prendre de l'air frais, boire de l'eau propre, boire un jus fait avec des cynorrhodons, et ne pas saigner le patient. Nostradamus était une référence pour ralentir la pandémie de la peste noire.

8. La peste en 1924 ?

Aujourd'hui, nous savons que les fléaux buboniques et les fléaux suivants comme la pneumonie ont été causés par la bactérie Yersinia Pestis qui était transportée par les rats, abondants dans les milieux urbains. La dernière épidémie de peste urbaine aux États-Unis s'est produite à Los Angeles en 1924.

9. La peste en 2017 ?

Aujourd'hui, jusqu'à 3 000 personnes contractent la peste chaque année, mais la maladie est traitée efficacement avec des antibiotiques. À Madagascar, une effrayante épidémie de peste a fait la une des journaux en 2017 (plus de 200 morts). La maladie revient chaque année de août à avril.

10. Croyances VS Réalité sur la Peste (et sa Contagion)

Pendant longtemps, personne n'a su comment la peste se transmettait. Les causes proposées comprenaient une conjonction défavorable de Mars, Jupiter et Saturne, ou de l'eau contaminée. Les gens supposaient que les "mauvais vents" et l'air vicié, appelé "miasma", répandaient la maladie. Pour cette raison, seules les fenêtres orientées vers le nord étaient considérées comme sécuritaires pour la ventilation. Des huiles essentielles et d'autres essences aromatiques étaient utilisées pour repousser l'air empoisonné de la peste.

Bien que les médecins romains et vénitiens portaient des tenues similaires depuis le XIVe siècle, le costume de médecin contre la peste s'est répandu en France au XVIIe siècle. À l'époque, les scientifiques médicaux n'avaient aucune idée que la maladie était propagée par des bactéries microscopiques. Au lieu de cela, ils ont favorisé la "théorie des miasmes", selon laquelle la maladie se propageait par des odeurs nauséabondes qui émanaient des ordures, de la chair pourrie et de diverses autres substances perçues comme impures.

On pensait que ces odeurs nauséabondes étaient capables de polluer l'air et d'infecter les humains et les animaux avec diverses maladies mortelles. La théorie des miasmes est restée la principale origine de la théorie des maladies pour de nombreuses infections, y compris le choléra et le paludisme, jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle, quand elle a finalement été réfutée par la “théorie des germes”, aussi appelée “théorie microbienne”.

La véritable cause de la peste a été découverte pour la première fois en 1894 par le médecin et bactériologiste Alexandre Yersin. Le pathogène, Yersinia Pestis, porte maintenant son nom. Elle était transportée par les rats 🐀 et transmise aux humains par les puces, mais aussi via l’exposition à des liquides biologiques d’un animal mort infecté.

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